L’achat d’un véhicule neuf chez les adeptes de la finance personnelle est très mal vu. En effet, l’auteur David Bach aurait même dit : « En réalité, rien de ce que vous ferez de votre vivant ne vous fera perdre plus d’argent que l’achat d’une nouvelle voiture »1.
Bien que ce propos soit très sévère, dans cet article, nous allons simplement faire état des faits qui entourent l’achat d’un véhicule neuf.
1. La perte de valeur
Saviez-vous qu’un véhicule automobile déprécie TRÈS rapidement ? En moyenne, une voiture neuve perd la moitié de sa valeur après 3 ans de possession2! De plus, 25 à 30 % de la dépréciation aurait lieu dans la première année !3 Ainsi, pour un VUS de 40 000 $, on parle d’une dépréciation de 20 000 $ en 3 ans, soit près de 7 000 $ par année qui s’envole. Ensuite, pour les 3 années suivantes, la voiture perd en moyenne 8 à 10 % par année.
Les plus fins renards savent déjà où je m’en vais avec ça : l’achat d’une voiture usagée. En effet, pourquoi ne pas acheter un véhicule lorsque la courbe de dépréciation s’aplatît ?
Comme vous pouvez le voir dans le tableau, acheter un véhicule usagé de 4 ans vous permettra d’éviter le plus gros de la dépréciation.
2. Le coût réel
Bien souvent, les gens considèrent seulement les paiements de l’automobile sans tenir compte du coût réel de possession.
Qu’est-ce que le coût réel de possession ? Ce coût inclus les frais de propriété et les frais d’utilisation:
- Frais de propriété:
- Assurances
- Permis de conduire et immatriculation
- Dépréciation
- Coût de financement (prêt automobile)
- Frais d’utilisation :
- Essence
- Entretien
- Pneus
Selon CAA, pour les VUS le plus vendus au Québec, les paiements seraient d’environ 5 700 $ par année (considérant un versement initial de 15 %).4 À ce montant, on doit ajouter 2 307$ pour les autres frais associés à la propriété et à l’utilisation. Ainsi, le coût réel de possession est de 8 007 $ par année plutôt que le 5 700 $ de base qui inclut seulement les paiements mensuels.
En ne considérant que les frais liés à l’achat, l’investisseur moyennement caféiné fait une grave erreur en omettant presque 30 % des frais réels liés à son véhicule. De ce fait, on constate qu’un véhicule coûte souvent beaucoup plus cher qu’on ne le pensait au moment de signer le contrat au concessionnaire. Par ailleurs, les coûts mentionnés ci-haut excluent le coût d’opportunité …
3. Le coût d’opportunité
À mon avis, c’est ici que ça fait mal! En effet, l’argent qui est utilisé pour les paiements du véhicule ne peut être investi. Ainsi, voici le coût d’opportunité qui devrait être pris en compte en continuant avec l’exemple du VUS à 40 000$.
Pour des mesures de simplification, nous allons seulement considérer les paiements du véhicule. En utilisant le site du vendeur automobile, on obtient des paiements mensuels de 625 $ pour un VUS d’environ 40 000 $ (taxes incluses) pour une période de 72 mois avec un taux d’intérêt de 3,99%. Ainsi, le VUS que tu croyais payer 40 000 $ t’en coûtera plutôt 45 000 $ en considérant les intérêts ! Mais ce n’est pas le pire …
Que se passerait-il si à la place de payer 625 $ par mois pour un véhicule, tu avais investi cet argent (en supposant que tu décides de garder ton véhicule actuel qui est entièrement payé). Voici la réponse : tu aurais 55 350 $ de plus dans tes poches ! En effet, une somme de 625 $ investi de façon mensuelle pour une durée de 72 mois avec un taux de rendement de 7% génèrera 10 350 $ en intérêt !
Pour plus de détail sur la puissance de l’intérêt composé, clique sur le lien.
Alors, la prochaine fois que tu feras face à un contrat chez le concessionnaire, j’espère que tu te poseras la question : « est-ce que je préfère payer des intérêts ou gagner des intérêts ? ». De plus, n’oublie pas d’ajouter le coût d’opportunité dans ton calcul du coût réel.
4. En as-tu vraiment besoin ?
J’entends déjà mon personnage préféré, Jean-Flaube me dire : « Évidemment que j’en ai besoin de mon pickup. Pas de pickup, pas de travail». Il faut se rendre à l’évidence, beaucoup de gens ont besoin d’un véhicule que ce soit pour le travail, pour les activités sportives, etc.
Mais, le point que je souhaite apporter ici est le suivant : mon cher JF, as-tu vraiment besoin d’un pickup de l’année tous les trois ans ? As-tu vraiment besoin d’un pickup acheté neuf chez le concessionnaire ? Avec 10 000 $ en options ?
Personnellement, je ne vois pas comment un plus beau camion performera mieux qu’un camion usagé de 2-3 ans bien entretenu … Ce camion neuf qui coûte probablement le double d’un usagé, est-ce qu’il te rapportera le double de revenu cette année ?
Évidemment, lorsque tu es un entrepreneur, tu disposes d’avantages fiscaux en rapport avec ton véhicule, mais lorsque tu n’es qu’un simple salarié, ton beau camion ne t’apporte aucun avantage fiscal …
Par ailleurs, pour ceux qui n’ont pas « besoin » d’un pickup, avez-vous réellement besoin d’une voiture ? Avez-vous considéré le covoiturage, le transport en commun, le vélo ? De plus, la nouvelle réalité qu’est le télétravail rend la question encore plus pertinente.
Conclusion
L’Investisseur caféiné n’a rien contre les gens qui possèdent un véhicule. Il s’agit d’un outil fort efficace et, pour bien des gens, nécessaire. Cet article vise plutôt à soulever les questions pertinentes qui sont souvent évitées lors du processus décisionnel d’acquérir un véhicule. Selon Statistiques Canada, le budget pour le transport est le deuxième plus gros poste budgétaire des ménages canadiens (19,9 % de la consommation totale) derrière l’habitation (29,2%) 5. Il me fascine de constater l’importance de ce poste budgétaire alors qu’on sait pertinemment qu’une voiture ne fait que perdre de la valeur jour après jour …
5 https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/181212/dq181212a-fra.htm
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